Le ciné-train
Ce train ne rassemble guère à mon ciné-train. d’il y a quarante ans, dit Alexandre Medvedkine en 1971 dans le film-préface : LE TRAIN EN MARCHE
Le ciné-train ?
1932. Les premiers pas vers le socialisme. Le siècle n’est pas à la « broutille ». Pour Medvedkine, il s’agit de brandir le cinéma contre les ennemis : arrière-garde des gardes blanches, koulaks, bureaucrates, imbéciles. Armer les écrans soviétiques d’une pensée politique. Créer une unité de production mobile : un train. Au programme : filmer aujourd’hui le peuple, projeter demain devant le peuple.
Train de combat, train de vie. Train de rêve dans un pays sans trains. Trois wagons sur le retour, doux pour caser un laboratoire, six tables de montage, une camionnette, des caméras. Le troisième pour les trente-deux membres de l’équipe qui roulent jusqu’aux chantiers, cernent les difficultés do la production, filment, joignant une critique aiguë à des exemples clairs et positifs, racontant comment Les gens peuvent eux-mêmes mettre de l’ordre chez eux.
L’écran disait : "Qu’est-ce que vous faites-là, chers camarades ? Regardez comme votre voisin résout mieux ses problèmes’’„ Après la projection, une discussion passionnée débouchait sur les solutions pratiques. Les accusés étaient des hommes soviétiques. La critique la plus sévère, ils la recevaient avec un cœur pur.
Il nous a fallu à tous être des inventeurs, dit Medvedkine, pour faire tenir tout le cinéma dans l’incroyable étroitesse de nos wagons et faire sortir sur les écrans nos armes-films, nos munitions- films, et avec elles, tirer sur le vieux monde.
Tirer sur le vieux monde, lutter avec le peuple. Pour le bonheur.
A fond de train.